Personnalité de la semaine
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Andrea LeBlancCollaboration spéciale
Professeure et chercheuse au département de neurologie de l’Université McGill, la D
LeBlanc dirige son laboratoire de recherche sur les maladies neurodégénératives du vieillissement au Centre Bloomfield de recherche sur le vieillissement à l’Institut Lady Davis de l’Hôpital général juif.Aujourd’hui, 745 000 Canadiens sont atteints de la maladie d’Alzheimer. Dans quinze ans, ce nombre atteindra 1,4 million. Les coûts liés à cette maladie, qui sont aujourd’hui de 33 milliards par an, s’élèveront en 2040 à 293 milliards par an, sans parler des coûts humains et sociaux pour ces patients et leurs proches. C’est ce qui a amené la D
LeBlanc, biochimiste de formation, à s’intéresser à ce domaine de recherche, il y a 26 ans.Native du Nouveau-Brunswick, la scientifique est diplômée de l’Université de Moncton et elle a achevé son doctorat à l’Université Dalhousie, à Halifax. Elle a ensuite poursuivi des études postdoctorales à la Clinique Mayo, aux États-Unis.
« C’est le défi de trouver un traitement contre une maladie dévastatrice qui m’a interpellée, dit-elle. Quand j’ai commencé, on prévoyait que cela allait devenir un fléau. Ce n’est pas seulement un problème économique, c’est un gros problème social. Ces gens requièrent des soins constants et leurs familles finissent par s’épuiser parce que la maladie s’étend sur de longues périodes. C’est un stress énorme pour ces familles. »
Dans son laboratoire, elle et son équipe d’une dizaine de chercheurs tentent de comprendre ce qui se passe dans le cerveau au tout début de la maladie et les causes de la dégénérescence menant à la perte de mémoire et à la démence. Ils espèrent développer un traitement.
« Si l’on pouvait ralentir la progression de la maladie ne serait-ce que de deux ans, cela aurait un impact énorme. »
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Andrea LeblancLa recherche médicale demande temps, patience et persévérance. Depuis 22 ans, la D
LeBlanc et son équipe suivent une piste qui les a amenées à progresser et à publier plusieurs articles scientifiques, dont deux, cette année, dans , en mars, et dans , en septembre.« Au fil des années, nous avons démontré le rôle d’une enzyme, la caspase 6, dans la dégénérescence des neurones, au point de penser que c’est une bonne cible thérapeutique. Au cours de la dernière année, nous avons pu cerner ce qui active la caspase 6 et identifier deux cibles thérapeutiques additionnelles. Notre but est de développer un médicament pour empêcher les effets néfastes de la caspase 6 sur la perte de mémoire liée au vieillissement. Cette année, nous avons travaillé sur quatre pistes thérapeutiques différentes. »
Dans la recherche de médicaments, on ne peut connaître l’efficacité d’un traitement avec certitude qu’une fois ceux-ci testés sur des humains en phase clinique. Pour en arriver là, il faut de longues années de travail.
« Même quand tout démontre que c’est la bonne piste, il faut rester objectif et prudent. J’ai donné ma vie à cette recherche et j’espère, dans les dernières années avant ma retraite, qu’on y arrivera. »
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Andrea LeblancLa recherche exige aussi beaucoup d’argent.
« Je peux remercier nos donateurs, notamment ceux qui ont organisé notre dernière activité de collecte de fonds et y ont participé. Il s’agit d’un souper-bénéfice intitulé “Le festin de Babette”, dont tous les profits vont à ma recherche. Sans les fonds privés que j’ai reçus jusqu’à maintenant, je n’aurais jamais pu avancer autant. Nous progressons vite, maintenant, parce que nous avons plusieurs équipes qui travaillent en parallèle sur différents axes. Sinon, il aurait fallu que je travaille encore cinquante ans pour arriver à mes fins. »